Lorsque nous pensons à l'éducation, nous l'associons habituellement à l'éducation formelle des enfants, des adolescents et des jeunes. Bien qu'ils soient les principaux bénéficiaires de l'éducation en vertu du droit international en matière de droits humains, les adultes sont également reconnus comme détenteurs de droits. Le droit à l'éducation est, comme tous les autres droits humains, universel et s'applique à tous, indépendamment de l'âge.
Selon le droit international, les objectifs de l'éducation comprennent le «plein développement de la personnalité humaine et le sens de sa dignité» et «permettent à toutes les personnes de participer de manière effective à une société libre». Ces objectifs (et les autres buts de l’éducation en vertu du droit international) ne peuvent être atteints par une éducation dispensée exclusivement aux enfants. Le droit à l'éducation reconnaît donc l'importance de l'éducation en tant que processus permanent. Les premières années sont considérées comme fondamentales pour l'apprentissage continu, où chaque niveau d'éducation établit les bases de la formation continue tout au long de la vie d'une personne.
“L’apprentissage et l’éducation des adultes sont des composantes centrales de l’apprentissage tout au long de la vie. Ils englobent toutes les formes d’enseignement et d’apprentissage qui visent à faire en sorte que tous les adultes participent à la société et au monde du travail. Ils désignent l’ensemble des processus d’apprentissage – formel, non formel et informel – par lesquels ceux qui sont considérés comme adultes par la société dans laquelle ils vivent développent et enrichissent leur aptitude à vivre et à travailler, tant dans leur propre intérêt que dans celui de leurs communautés, organisations et sociétés.” (Recommandation de l’UNESCO sur l’apprentissage et l’éducation des adultes [2015]: paragraphe 1).
Les adultes peuvent (ré)intégrer l’éducation pour de nombreuses raisons, et notamment pour:
- remplacer l’éducation primaire et / ou secondaire manquée ou négligée
- développer des compétences éducatives de base, telles que l’alphabétisation et la numératie
- développer de nouvelles compétences et expertises professionnelles pour s’adapter aux conditions changeantes du marché du travail ou pour changer de carrière, ou pour un développement professionnel continu
- poursuivre l’apprentissage pour le développement personnel et les loisirs
- participer pleinement à la vie sociale et aux processus démocratiques
En plus des avantages produits par ce qui est susmentionné, l’éducation des adultes profite aux individus, en:
- jouant un rôle déterminant dans la jouissance d’autres droits humains, par exemple, le droit au travail, à la santé, et le droit de participer à la vie culturelle et à la conduite des affaires publiques
- émancipant les adultes marginalisés économiquement et socialement pour leur permettre de comprendre, questionner et transformer, par une prise de conscience critique, les origines de leur marginalisation, notamment en se sortant de la pauvreté
- développant les compétences et connaissances nécessaires à la participation dans la société
- facilitant la citoyenneté active
En outre, l’éducation et l’apprentissage des adultes ont des avantages économiques, sociaux et culturels plus larges, notamment reconnus dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 (2015) qui a de nombreuses cibles en matière d’éducation des adultes, et envers lequel tous les États se sont engagés.
Pourtant, en dépit des engagements des États en faveur de l’éducation des adultes, les efforts visant à mettre en oeuvre et à réaliser le droit à l’éducation des adolescents, des jeunes et des adultes ont été négligés. Cette incapacité à pleinement mettre en oeuvre l’éducation des adultes aggrave la marginalisation historique parce que ceux qui sont le plus susceptibles de tirer profit de l’éducation des adultes sont ceux qui n’ont pas reçu d’enseignement primaire et / ou secondaire en premier lieu.
Actuellement, l’éducation des adultes, en particulier l’éducation non formelle, et notamment les programmes d’alphabétisation, est généralement le niveau d’éducation le plus sous-financé avec une minorité de pays consacrant les 3% recommandés de leur budget national de l’éducation à l’alphabétisation et aux programmes éducatifs (UNESCO [2016] Lire le passé: écrire l’avenir). En conséquence, l’éducation et l’apprentissage des adultes ne sont généralement pas gratuits, et leur coût doit être pris en charge par l’individu, ce qui constitue un obstacle prohibitif à l’accès à l’éducation des adultes ou constitue un fardeau financier pour les adultes déjà marginalisés qui doivent payer pour pouvoir accéder à une éducation qui leur a été précédemment refusée.
Un élément fondamental du droit à l'éducation est qu'il est accessible à tous, ce qui explique pourquoi l'enseignement primaire et le premier cycle de l’enseignement secondaire est généralement dispensé gratuitement par la plupart des États. Le même principe s'applique à l'éducation et à l'apprentissage des adultes. Cependant, pour les adultes la différence est qu’en plus de l'État, il y a des prestataires de marché (tout, des cours de yoga et de cuisine aux programmes informatiques, sera offert par des prestataires privés), les entreprises forment et développent leur personnel, les organisations communautaires créent des opportunités d'apprentissage pour leurs membres, et le web offre une gamme de programmes d’apprentissage gratuits (MOOC) et payants. L'une des principales responsabilités des États est d'établir un cadre juridique et réglementaire qui assure l'accès à l'éducation des adultes et aux possibilités d'apprentissage, en particulier pour les groupes marginalisés. En outre, les États ont des obligations en vertu du droit international en matière de droits humains en ce qui concerne certaines formes d'éducation et d'apprentissage des adultes.
Cette page examine les différentes formes d’éducation des adultes et d’apprentissage continu pour lesquelles l’État a des obligations juridiques spécifiques en vertu du droit international en matière de droits humains, notamment: l’éducation fondamentale, l’éducation de base, les programmes d’alphabétisation des adultes, l’enseignement et la formation et technique et professionnelle, et l’enseignement supérieur. Elle étudie également le droit à l’éducation des personnes âgées et l’éducation des adultes tels qu’énoncés dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.
Pour le cadre normatif international qui fournit des principes directeurs pour la politique et la pratique relatives à l’éducation des adultes, voir la Recommandation de l’UNESCO sur l’apprentissage et l’éducation des adultes (2015) et le Cadre d’action de Belém (2009) de la sixième conférence internationale sur l’éducation des adultes (CONFINTEA 6).