L'enseignement supérieur doit être rendu également accessible à tous par tous les moyens appropriés, notamment par l'instauration progressive de la gratuité. Malgré cette disposition, les dépenses publiques mondiales ont diminué et les sources privées représentent en moyenne environ un tiers des dépenses consacrées aux établissements d'enseignement supérieur. Selon le rapport Regards sur l'éducation de l'OCDE (2020), entre 2015 et 2017, les dépenses publiques pour l'enseignement supérieur en pourcentage du PIB ont diminué en moyenne de 5,1 % dans les pays de l'OCDE, le Chili, le Royaume-Uni, les États-Unis et l'Australie représentant les pays où les investissements privés dans l'enseignement supérieur sont les plus importants.
Dépenses totales pour des établissements d'enseignement en pourcentage du PIB, par source de financement (2017).

Source: OCDE, Regards sur l’éducation, 2020.
Dans la région de l'Amérique latine et des Caraïbes, c'est le secteur privé qui a donné l'impulsion à l'expansion rapide de l'enseignement supérieur dans les années 2000: la part de marché des établissements d'enseignement supérieur privés dans la région est passée de 43 % à 50 % entre le début des années 2000 et 2013 ; le Brésil, le Mexique et l'Argentine étant les pays où le nombre d'établissements d'enseignement supérieur privés a le plus augmenté.
Évolution du nombre d'Enseignements Supérieurs publics et privés, Amérique latine et Caraïbes, vers 2000-13.

Source: Banque mondiale, À la croisée des chemins: l'enseignement supérieur en Amérique latine et dans les Caraïbes, 2017.
L'allocation du budget au financement de l'enseignement supérieur est une décision politique. En raison de la pression accrue pour réduire les impôts et alléger les budgets publics, de plus en plus de pays transfèrent la charge des coûts de l'enseignement supérieur du gouvernement aux étudiants. L'enseignement supérieur est de plus en plus considéré comme un investissement générant des rendements privés et publics, mais pas nécessairement comme une priorité sociale. Les politiques de financement sont alors conçues pour cibler les secteurs de l'enseignement supérieur présentant les taux de rendement les plus élevés, avec par exemple un système sélectif de bourses d'études.
Simultanément, les efforts visant à décentraliser la gestion publique de l'enseignement supérieur ont encouragé le développement des écoles privées. L'Institute For Higher Education Policy a souligné le fait que la privatisation pousse les institutions à fonctionner selon les lois du marché pour répondre aux demandes des consommateurs, menaçant parfois la culture académique traditionnelle et même la qualité de l'enseignement. En outre, la privatisation de l'enseignement supérieur entraîne une augmentation des coûts alors que, selon le droit international, il devrait être progressivement gratuit. Le coût de l'enseignement supérieur varie beaucoup d'un pays à l'autre : gratuit dans 40 pays du monde comme l'Allemagne ou le Brésil, il peut s'élever à plusieurs centaines de dollars en Belgique, en Colombie ou en France et atteindre des milliers de dollars aux États-Unis, où la dette moyenne des étudiants diplômés en 2016 s'élève à 37 000 dollars.
L'augmentation des coûts d'accès à l'enseignement supérieur oblige un nombre croissant d'étudiants à recourir à des prêts. Le fardeau de la dette liée aux prêts étudiants met au défi les pays développés et en développement. Alors que les gouvernements accumulent des niveaux sans précédent de dette fédérale totale au titre des prêts étudiants (près de 1 300 milliards de dollars aux États-Unis en 2019, près de 100 milliards de dollars au Royaume-Uni en 2017), les étudiants supportent le coût de la dette pendant des années et nombre d'entre eux ne parviennent pas à la rembourser (États-Unis : 14 % des 7 millions d'emprunteurs sont en défaut de paiement). Aux États-Unis, la dette des étudiants a augmenté de 107 % en une décennie.
Consultez notre page web sur la privatisation de l'éducation pour plus d'informations sur cette question.