Il y a de nombreux exemples de cas concernant les différents aspects du droit à l’éducation qui ont été soumis à un examen judiciaire.
Au niveau national
L’aspect du droit à l’éducation le plus soumis à un examen judiciaire concerne la prohibition de la discrimination. Les cas de discrimination ont longtemps été jugés dans la plupart des tribunaux. Par exemple, dans Brown v Board of Education (en anglais uniquement), la Cour suprême des États-Unis a considéré que la ségrégation raciale à l’école était une violation de la clause de la Constitution des États-Unis protégeant l’égalité de traitement. La Cour suprême a indiqué: «Nous concluons que, dans le domaine de l’éducation publique, la doctrine de «séparés mais égaux» n’avait pas sa place. Des établissements scolaires séparés constituent de par leur nature même une inégalité…».
Les tribunaux nationaux ont aussi eu affaire à des cas concernant le financement de l’éducation, un problème important qui affecte profondément l’accessibilité et la qualité de l’éducation. De 2005 à 2007 une association caritative de droit public en Indonésie a porté une série d’affaires devant la Cour constitutionnelle, réclamant qu’une nouvelle loi demandant que les dépense éducatives atteignent graduellement 20% du budget et les budgets successifs qui ne consacraient que 7% et 8,1% à l’éducation violaient la constitution qui indique que 20% du budget national doit être consacré aux dépenses liées à l’éducation. La Cour a jugé (en anglais uniquement) que la loi et les deux attributions de budget étaient anticonstitutionnelles, ce qui a annulé la loi. Elle n’a pas annulé le budget, mais a cependant exigé que si des revenus devenaient disponibles, ils devaient alors être alloués à l’éducation. Malgré la réticence de la Cour à aller plus loin, les dépenses liées à l’éducation en Indonésie ont augmenté de 11,8% à partir de 2008, sans aucun doute grâce à l’influence de la Cour.
Le problème de la privatisation et des écoles privées concerne également le financement de l’éducation. Dans une décision récente, la Cour suprême du Népal (en anglais uniquement) a formulé un verdict demandant à ce que les autorités compétentes en matière d’éducation conçoivent des réformes des programmes pour réglementer les écoles privées -en réglementant les frais de scolarité, interdisant la vente de manuels non enregistrés et trop chers, et limitant le nombre d’écoles privées pouvant obtenir une accréditation. De plus, le secteur privé ne peut pas augmenter les frais de scolarité pendant trois ans dans la mesure où les frais de scolarité exorbitants demandés par les fournisseurs privés d’éducation causent de plus grandes inégalités entre les classes moyennes et populaires.
Au niveau régional
Les mécanismes régionaux fournissent une source importante de jurisprudence relative au droit à l’éducation dans la mesure où les États sont tenus responsables au-delà du niveau national. Dans l’affaire Kjeldsen, Busk Madsen et Pedersen c. Danemark (1976 – en anglais uniquement), la Cour européenne des droits de l’Homme a prononcé que l’éducation sexuelle obligatoire, telle que prescrite par les programmes nationaux, n’équivaut pas à l’endoctrinement, et ne viole donc pas le «droit des parents d’assurer cette éducation et cet enseignement conformément à leurs convictions religieuses et philosophiques» (article 2, Protocole additionnel No.1 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales).
La Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples dans l’affaire Rights Free Legal Assistance Group and Others c. Zaire (1995 – en anglais uniquement) a considéré que la fermeture durant deux ans des universités et des écoles secondaires au Zaïre (tel que c’était le cas à ce moment-là) à cause d’une mauvaise gestion évidente des finances publiques, était une violation du droit à l’éducation (article 17) tel que le stipule la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples.
Dans l’affaire No 2137 (Argentine) (1978 – en anglais uniquement), la Commission interaméricaine des droits de l’Homme a conclu à une violation du droit à l’éducation (article XII) tel que garantit par la Déclaration américaine des droits de l’Homme. Dans ce cas, le gouvernement argentin a publié un décret bannissant les activités des témoins de Jehovah et interdisant aux «élèves professant la religion des témoins de Jehovah» de passer des examens. Les plaignants ont aussi présumé que plus de 300 enfants en âge d’être scolarisés n’avaient pas le droit à l’éducation primaire. La Commission a recommandé que le décret soit abrogé.
Au niveau international
Au niveau international, le droit à l’éducation a été rendu justiciable par la récente entrée en vigueur de procédures de plaintes en vertu du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et de la Convention des droits de l’enfant. Lorsque ces mécanismes deviendront plus établis, un organe de jurisprudence internationale émergera.
Pour plus de détails sur les aspects du droit à l’éducation soumis à un examen judiciaire ou quasi-judiciaire, voir Coomans «Justiciability of the Right to Education» (en anglais uniquement), « Report of the United Nations Special Rapporteur on the Right to Education: Justiciability and the Right to Education» (en anglais uniquement) , COHRE «a Legal Practitioners Dossier» (en anglais uniquement), et «Litigating Economic, Social and Cultural Rights» (en anglais uniquement), et Interights «Litigating the Right to Education in Africa» (en anglais uniquement).